CAP BLANC le 25 janvier 2004
Les aventures du petit Syncro en Afrique
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Le petit Syncro s'ennuyait. Voici un an qu'il attendait dans la cour de la Mission, près de Mopti ; un an qu'il attendait , immobile, comme un petit âne au bord de la route.
Bien sûr, on s'était occupé de lui, on l'avait fait ronronner de temps en temps, mais il n'avait pas quitté la cour et il attendait le retour de ses maîtres avec résignation.
Le jour où on lui fit la grande toilette, il compris que quelque chose se préparait : ses maîtres revenaient.
Ils le nettoyèrent, enlevèrent la vermine qui le démangeait de l'intérieur, lui firent quelques soins, le promenèrent.
Un beau soir, un compagnon de route vint se ranger à côté de lui ,ses amortisseurs furent remplacés, et ils partirent enfin tous les deux pour de nouvelles aventures.
Le petit Syncro se sentait en pleine forme. La descente de la falaise Dogon l'impressionna un peu, mais cavalant sur les pistes de sable et le goudron, il se retrouva à Ouagadougou.
Dans cette ville au nom si chantant, il crut mourir asphyxié par les émanations des vélomoteurs et se dépêcha de repartir bien vite dan la brousse.
Il musarda sur des petits chemins au milieu des cotonniers, à la recherche des potières ; il voulut voir les éléphants se baigner dans le Mouhoun (la Volta Noire) mais attendit en vain ; malgré une grave blessure au cardan avant, des problèmes de démarreur, il escalada les collines du pays Lobi et put ainsi rencontrer le 90ième fils d'un homme qui avait eu 30 femmes !
Enfin il se reposa à Bobo-Dioulasso avec son copain, sous les manguiers, pendant que les maîtres menaient la grande vie avec leurs amis burkinabé.
Puis il fallut repartir, toujours par des petites pistes, à travers les beaux villages Sénoufo et rejoindre Bamako où il prit encore quelques jours de repos. S'il avait su les épreuves qu'il allait affronter, peut-être eût-il hésité .
Après une horrible route en tôle ondulée, une rupture de la barre stabilisatrice et un décrochement d'amortisseur, ils durent " ouvrir " une piste impossible.
Courageusement, avec son compagnon, ils cherchaient leur chemin, perdus dans les grandes herbes, chevauchaient les ornières, escaladaient les saignées.
Ils étaient fiers d'être les premiers à passer depuis le mois de juin, mais que d'émotions !
Il eut le pied blessé (une crevaison) et son compagnon, hélas, perdit son amortisseur de direction. Mais les villages étaient de plus en plus beaux, abrités par d'immenses arbres, entourés de hautes herbes.
La piste continua sur un magnifique plateau hérissé de rochers hauts et pointus : la baie d'Along sur terre.
Elle devint plus douce et ils arrivèrent bientôt devant un fleuve majestueux et très bleu : le Sénégal.
Le petit Syncro s'approcha des rives pour apercevoir les hippopotames . Mais seules les pirogues troublaient les eaux tranquilles.
Longeant fleuve, ils décidèrent d'aller aux chutes de Gouina, chères à Jules Verne, où les maîtres voulaient se baigner.
Pauvre Syncro ! Là il perdit un peu courage et crut que sa dernière heure était venue. : des descentes risquées, des remontées scabreuses, des pierres, encore des pierres, une énorme ornière où ses roues avaient à peine la place de se poser…
Enfin, Kayes.
Là on lui promit qu'au bout de la grande piste, il y aurait le GOUDRON , un goudron interminable qui l'emmènerait en Mauritanie.
Hélas ! Son compagnon était trop vieux (20 jours de trop !) pour entrer au Sénégal et ils durent reprendre la piste pour Kiffa en Mauritanie.
Encore des souffrances.
Cette fois c'était le sable qui l'inquiétait. Il se sentait bien fatigué et avait de plus en plus de mal à partir le matin (toujours le démarreur !); il fallait l'encourager, le tirer. Mon Dieu !
Quand donc arrivera la route goudronnée que ses maîtres appelaient si justement " la route de l'Espoir " ?
Enfin, il sut qu'il reverrait son pays, sa maison. La dernière épreuve, aussi angoissante soit-elle, ne pourrait l'arrêter.
Quand, après Nouakchott, il descendit sur la plage, il fut très ému. Il se souvenait qu'il avait failli se noyer l'année dernière. Mais cette fois c'était un véritable plaisir de glisser sur la sable mouillé, de se laisser caresser par de petites vaguelettes, de faire envoler mouettes et pélicans au passage.
Encore un peu de sable, encore un peu de pierres, et il respira avec gourmandise l'air du large au Cap Blanc.
Demain, il en était sûr, il quitterait à jamais le désert ; demain , il rentrerait au Maroc et serait définitivement sauvé. Grâce à son démarreur enfin réparé, bientôt il retrouverait sa maison, ses amis et pourrait raconter tant de belles histoires.
Odile Madrias
EPILOGUE : SUITE ET FIN DES AVENTURES DU PETIT SYNCRO
Qu'il avait donc du courage ce petit Syncro Denis !
A peine revenu de ses aventures africaines, il s'est refait une santé en Bretagne en attendant un lifting qui devait le remettre à neuf.
Bien sûr, il a voulu saluer ses frères à la réunion syncro de Pâques dans le pays royannais. Les retrouvailles furent émouvantes et dignement fêtées.
Mais voilà que dans la nuit du 9 au 10 avril le drame est arrivé.
Vers 2h du matin, un syncroïste, sorti pour satisfaire un petit besoin, a vu de la fumée et des flammes s'échapper du moteur.
Aussitôt il a réveillé Malou et Henri qui n'avaient rien senti.
Ce fut le branle-bas de combat. Malou a vite sorti 2 bouteilles de gaz, la troisième restant coincée, plus quelques affaires.
Les voisins immédiats ont dégagé en toute hâte leurs véhicules. Et c'est bien sûr dans ces cas là qu'on ne trouve plus les clés.
Nos petits extincteurs sont entrés en action ; en vain ! La fumée était suffocante, et, consternés, nous n'avons pu que regarder le brasier jusqu'à l'arrivée des pompiers qui ont tout éteint.
Et c'est ainsi que dans un panache de fumée, on a vu s'envoler l'âme du petit syncro vers le paradis des 4x4..
Les Denis ont fini la nuit dans un mobil-home du camping.
Le lendemain il ne restait plus sur l'herbe mouillée qu'une carcasse calcinée.
Mais que de souvenirs encore emprisonnés entre ces tôles fumantes !
La Chine, l'Amérique, l'Afrique et de multiples autres balades (sans oublier que ce syncro avait appartenu à Sylvain Taragnat et avait donc été un pionnier du club).
Malheureusement gisait aussi sous les cendres les lunettes, les dents, les oreilles et les papiers d'Henri. Mais ce dernier, aussi vaillant que son syncro, a crânement réagi et Malou de même.
L'après-midi, après un repas pris avec nous tous, ils sont repartis dans une superbe 206.
Que s'est-il passé ? Mystère.
Pour certains les petites souris du Mali qui avaient élu domicile dans le véhicule auraient grignoter les fils provocant à la longue un court-circuit…
Hypothèse romantique mais peu crédible pour d'autres.
Je préfère penser que le petit syncro, sentant sa mort prochaine et ne voulant pas décevoir ses propriétaires en les abandonnant lâchement au bout d'une piste poussiéreuse, a préféré s'immoler par le feu, ne laissant derrière lui que des souvenirs heureux.
Le vaillant petit syncro a VQ, il est mort ; la vie continue…
Malou, Henri, dans quelques temps vous vous mettrez en quête du nouveau syncro qui vous attend quelque part , prêt à vous conduire à son tour sur les routes du monde.
Et le voyage continuera…
Danièle Peyrin